Retour sur les impressions Ardeqo

[Don Pilou]

Bonjour à tous!

Cette semaine j'ai investi pour le forum! Bon à la base c'était quand même un investissement personnel, mais je pense que mon retour d'expérience peut vous intéresser. Je vais vous parler du service d'impression Ardeqo, anciennement Darqroom pour ceux qui connaissent, qui avait malheureusement déposé le bilan il y a quelques temps. Ce nouveau service reprend une partie de l'équipe et des services de Darqroom en supprimant le service de stockage et de vente par des pros (qui n'était pas viable pour Darqroom). Ils se concentrent donc sur l'impression uniquement, avec des produits orientés moyen - haut de gamme (caisses américaines, encadrement pour expo et musées...).

J'avais une dizaine de photos à imprimer, je me suis dit que ce serait l'occasion de tester ce service pour des impressions standards en 30x20, ce qui m'a également permis de tester une grande partie de leurs papiers. Je vais donc vous faire un retour sur ce service et la qualité des impressions.

J'avais fait imprimé quelques photos chez Darqroom à l'époque, je n'ai donc pas été perdu sur leur site qui reprend l'architecture de l'ancien. Je contacte néanmoins Ardeqo pour savoir quels sont les moyens disponibles pour transférer de gros fichiers (TIFF 16 bits de 120Mo) et s'ils mettent à disposition les profils ICC de leurs imprimantes. J'ai une réponse rapide de leur part m'indiquant que les fichiers volumineux peuvent être transférés via le service WeTransfer, et qu'il suffit alors de télécharger sur leur site des miniatures basse résolution et d'indiquer au tireur dans l'espace assigné qu'il faut prendre en compte la version HD envoyée par le service de transfert précédemment cité. Pour le profil ICC, il est automatiquement appliqué par le tireur, pas la peine de s'en charger. J'ai suivi les instructions et téléchargé sur le site des versions 1200x800, qui se chargent donc rapidement. Du côté de WeTransfer, un mail m'indique que le contact a bien téléchargé les fichiers. La réception de ma commande se fait 3 jours plus tard.

Passons maintenant à la partie la plus intéressante : le rendu des photos. Comme je vous l'ai dit j'ai testé différents types de papier, je vais donc vous donner mon impression pour chaque tirage. Mais globalement je suis très satisfait : le rendu des couleurs et du contraste correspondent exactement aux photos affichées sur mon écran (dalle IPS calibrée, gamma 2,2). Même si Ardeqo ne propose pas d'impressions noir et blancs aux pigments de charbon, comme ArtPhotoLab par exemple, le rendu des n&b est nickel. Je vous joins des photos des impressions, qui bien entendu ne permettent pas de se rendre compte de la qualité des tirages mais qui vont me servir à donner mon avis suivant le papier utilisé :

- tirage 1G : n&b sur papier Hahnemühle Fine Art Baryta 325g. Ce papier est le standard des tirages d'art Ardeqo. Le rendu brillant du baryté augmente légèrement le contraste de la photo. Pour un noir et blanc très contrasté comme ici ce n'est pas forcément le meilleur choix. Le papier est légèrement texturé et bien épais.

- tirage 1D : n&b sur papier Hahnemühle PhotoRag Baryta 315g : rendu proche du précédent, texture plus fine du papier. Idem pas optimal pour un noir et blanc très contrasté.

- tirage 2G : couleur sur papier Hahnemühle PhotoRag 308g : on passe à un rendu mat, pas de texture pour un rendu complètement lisse. Ici cela passe bien même si je pense qu'un rendu baryté aurait donné un peu plus.

- tirage 2D : couleur sur papier Hahnemühle PhotoRag UltraSmooth 305g : papier mat un peu plus fin que le précédent, rendu neutre des couleurs, un papier baryté aurait clairement convenu ici.

- tirage 3G : couleur sur papier Hahnemühle Bamboo 290g. Rendu mat, très lisse et très légèrement texturé, pour cette photo à l'heure bleue le rendu est vraiment nickel, je ne sais pas si un baryté aurait été mieux ici compte tenu du contraste, un autre papier mat aurait aussi bien fait l'affaire je pense.

- tirage 3D : n&b sur papier Hahnemühle PhotoRag UltraSmooth 305g. De nouveau ce papier, sur un noir et blanc très contrasté cette fois-ci. Et le rendu mat et lisse lui va à merveille! Aucune modification du contraste.

- tirages 4G et 4D : couleur sur papier Tecco Tecco Silver Iridium 250g. Avis global pour ces deux tirages car le sujet et le papier sont identiques. Ce papier est vraiment particulier et ne doit pas fonctionner avec tous les sujets, mais quand ça fonctionne, ça en jette! Ce papier est nacré, les couleurs flashent suivant l'orientation de la lumière. Autant dire que des sujets comme des blocs de glace conviennent parfaitement ici, on a l'impression que la lumière s'y réfléchie. Mais encore une fois le rendu est vraiment spécial et convient à peu de sujets je pense.

- tirage 5G : couleur sur papier Hahnemühle Fine Art Baryta 325g. De nouveau le papier standard sur de la couleur cette fois-ci, et le rendu est bien plus convaincant : la légère pointe de contraste en plus alliée au rendu brillant est du plus bel effet.

- tirage 5D : couleur sur papier Hahnemühle PhotoRag Baryta 315g. Idem que pour le tirage 5G, le rendu en couleur est top.

Une synthèse personnelle s'impose :

- pour des photos couleur au contraste "normal" : le meilleur rendu s'observe sur les papiers barytés, avec une préférence pour le papier Hahnemühle Fine Art Baryta 325g plus épais et texturé. Ce papier est brillant et augmente légèrement le contraste des photos.

- pour les noirs et blancs contrastés : le meilleur rendu s'observe sur les papiers mats, pour leur rendu neutre, avec une préférence pour le Hahnemühle PhotoRag 308g

En bref, je suis très satisfait de mes impressions, et sais maintenant vers quel type de papier m'orienter selon mes tirages. Au niveau du tarif on est dans la moyenne des tirages de cette qualité, comptez 10€ pour un 30*20 (hors papiers spéciaux type papier japonais).

Une dernière remarque : le papier Hahnemühle Fine Art Baryta 325g est de couleur blanc pur, le rendu des couleurs est donc très fidèle, en revanche les noir et blancs peuvent paraitre plus froids. Au contraire, le papier Hahnemühle PhotoRag 308g est couleur crème, il réchauffe donc les couleurs et permet de donner plus de relief aux blancs des noir et blancs je trouve. Le reste des papiers a une couleur légèrement crème, à savoir avant de les utiliser compte tenu de l'impact en couleur principalement.

[A-snowboard]

Merci pour ce retour complet.

Il faudra que je fasse un topic pour regrouper les différents retours (celui là et l'autre de pictonline)

Par contre il y a un truc que je pige pas : ils appliquent automatiquement les profils de l'imprimante ? C'est à dire ?

Je croyais que le truc était d'avoir ça sur sur son pc pour directement avoir le rendu de l'image (et donc surexposer si besoin).

Par contre le coup des différents papier est pas mal à savoir.

[Navy]

On peut avoir une idée du budget pour ces 10 tirages ? Je sais que le prix dépend de plein de paramètres mais c'est pour me permettre de me faire une idée des fourchettes de prix. Merci d'avance !

[Don Pilou]

Par contre il y a un truc que je pige pas : ils appliquent automatiquement les profils de l'imprimante ? C'est à dire ?

Je croyais que le truc était d'avoir ça sur sur son pc pour directement avoir le rendu de l'image (et donc surexposer si besoin).

En fait... non . Le profil ICC modifie effectivement le rendu de ta photo, non pas pour afficher le résultat que l'on obtiendra à l'impression mais au contraire pour que l'imprimante sorte le résultat attendu. C'est à dire que chaque imprimante, suivant l'encre, le papier... a un rendu spécifique (déjà parce que contrairement à l'écran d'un PC le papier n'est pas rétroéclairé), du coup il faut adapter le fichier à ce rendu pour obtenir le résultat que tu observes sur ton écran. Mais heureusement qu'il ne faut pas gérer l'expo au feeling une fois toutes tes retouches effectuées, sinon tu n'obtiendrais jamais le rendu de ton écran .

@Navy : tarif unique quelque soit le papier : 10€ pour chacune des 10 impressions + quelques euros de frais de port. Après comme pour les autres solutions d'impression différents encadrements ou passe-partouts peuvent être ajoutés. 

[JP]

Merci pour ce compte rendu très détaillé, circonstancié et clair.

Une question: tu ne fais pas de soft proofing? car pour ça il faut bien que tu télécharges le  profil icc du couple imprimante papier?

Et une info, sur le salon, l'an passé j'ai récupéré des échantillons des papiers Hahnemuhle et Canson. C'est du genre booklet au format carte de visite mais c'est mieux que rien. Il faut le leur demander car sinon ils ne le donnent pas. Par contre ils ne donnent pas de tirages sur les différents papiers qui permettraient de savoir exactement à quoi on a affaire. En tous cas je n'en ai pas obtenu.

[Don Pilou]

Une question: tu ne fais pas de soft proofing? car pour ça il faut bien que tu télécharges le  profil icc du couple imprimante papier?

En effet, mais vu que je délègues l'impression je n'en vois pas l'utilité ici. Je travaille sur écran calibré, c'est ensuite au tireur de faire correctement son travail, et ici je l'ai vérifié.

[Rian]

Super merci de ce super retour !

Ca donne envie de commander tout ca !

[JP]

@Don Pilou

Pas tout à fait d'accord avec toi. Lorsque l'on développe ses photos pour son écran (calibré ou pas, d'ailleurs) on réagi aux capacités de son écran, en particulier son espace couleur et son gamut. Lorsque l'on envoi ses photos vers une imprimante, les couleurs sont transposées selon l'espace couleur de l'imprimante, avec la limite de son gamut qui n'est pas le même que celui de l'écran. Les profils ICC ont pour but d'assurer une conversion correcte, mais toujours dans la limite des capacités physiques des périphériques.

L'objectif du softproofing a précisément pour objectif de simuler sur l'écran l'espace couleur du couple imprimante papier (avec comme tu le souligne les spécificités liées au fait qu'un rendu écran (par rétroéclairage) sera toujours différent d'un rendu papier (par réflexion).

Je prends un exemple. Je développe une photo de fleur rouge sur mon écran. Je m'arrange pour que tous les rouges soient en nuance de rouge et qu'il n'y ait pas de saturation sur cette couleur. J'envoie cette photo sur l'imprimante, et paf ... un a plat rouge ... Parce que (dans mon exemple) le papier concerné sur l'imprimante concernée, saura moins bien rendre les rouges que ne le fait mon écran. Le softproofing, avec toutes ses limites, m'aurait permis de voir ça et probablement de l'éviter, par exemple en désaturant certaines parties de la fleur.

Tout ceci  dit du haut de ma très modeste expérience en colorimétrie et en impression.

Il n'en reste que l'étude que tu as faite  est super intéressante!

[Navy]

Merci pour l'info prix

[Don Pilou]

@JP : je suis conscient de l'intérêt de cette technique pour quelqu'un qui souhaite vraiment contrôler TOUT le processus de réalisation de son image, ce qui est le cas de ton club photo qui possède sa propre imprimante (et peu de configurations à gérer). Mais pour quelqu'un qui comme moi délègue la dernière partie, je n'en vois pas l'intérêt, ou tout du moins la charge de travail supplémentaire n'est pas justifiée à mes yeux étant donné que l'imprimante se trouve à 500km de chez moi. J'ai fait le choix de ne pas m'occuper moi-même de l'impression, principalement pour avoir plus de choix dans les formats et les papiers, choix qui reviendrait très vite cher si je devais acheter une imprimante A3+ et les fournitures qui vont avec. En revanche je prends soin de bien choisir le sous-traitant afin d'avoir un résultat que je ne pourrais pas obtenir par moi-même sans un investissement en temps et en argent conséquent.